Description
“Il est, dit Yoritomo, un pays situé non loin de la rivière de Yen-Sin dont quelques villages sont renommés pour les propriétés curatives de l’air qu’on y respire.
“Avec la moindre brise, des senteurs balsamiques s’épandent, versant aux poitrines faibles ce réconfort dont elles sont si avides, et, dès le printemps, des malades viennent s’installer dans les petites maisons, qui, vues de loin, semblent de grands oiseaux, posés un instant avant de reprendre leur vol.
“Mon vénéré Maître Lang-Ho m’emmena un jour visiter cette contrée privilégiée et, tout en admirant la joliesse du paysage, je ne pouvais m’empêcher de témoigner ma surprise.
“Dans les jardins s’étendant autour des maisonnettes, des amarillys ouvraient leurs calices somptueux, du sein desquels s’élançaient leurs pistils chargés de pollen, comme de longs cils de femme, alourdis de fards ; dans les parterres, s’ouvraient des roses, mièvres ou violentes, tandis que de grandes lianes grimpaient à l’assaut des toits, pour retomber en belles loques harmonieusement déchiquetées.
“Plus loin, des champs s’étendaient, monotones ; quelques bandes de terrain étaient occupées par des plantations de chrysanthèmes, dont l’âcre parfum parvenait jusqu’à nous : “Mais, par-dessus tout, la senteur des arbres, porteurs de résine, s’épandait, vivifiante et entêtée.
“Cependant, j’avais beau regarder autour de moi, je n’apercevais nulle trace de ces arbres, dont les arômes emplissaient nos poumons.